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Un peu d'Histoire du Milieu français
24 décembre 2016

Trois Marseillais Plein d'Avenir. Partie 10/10 : Francis le Parisien et Jacky le Retraité

marseille soir

Bien installé dans le sud et tout particulièrement à Aix-en-Provence - où, aux côtés de Jacky le Mat, du trio Boglietti-Maillet-Mariotti, de Jean-Marc Verdu, de Jean-Claude Zamudio et de quelques autres il a fait place nette autour des boîtes de nuit et des machines à sous - Francis le Belge se taille également en ces années 90 un très beau territoire sur la capitale, véritable deuxième patrie pour lui depuis la fin des années 60. Et son futur tombeau. Pendant ce temps Jacky Imbert continue lui de mener ses affaires de son côté en toute tranquillité, toujours dans l'ombre... Voici donc la dernière partie de notre série d'articles sur ces trois figures majeures du Milieu marseillais que sont Tany Zampa, Jacky le Mat et Francis le Belge. Une histoire qui ne pouvait que se terminer dans le sang et les larmes.

Francis le Belge

Trois Marseillais Plein d'Avenir

Chapitre 10 : Francis le Parisien et Jacky le Retraité

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Comme un poisson dans la Seine à Paris, prisant tout particulièrement le quartier des Champs-Elysées et de l'Etoile, Francis Vanverberghe occupe alors un luxueux appartement estimé à 3,5 millions de francs rue Lord Byron avec sa femme Lydie Fleury, avec qui il s'est marié le 22 mars 1996 à Puiseux en Seine-Saint-Denis. Et s'il sort rarement du petit périmètre parisien où il a ses habitudes, quelques cafés et restaurants chics du quartier, l'inévitable Fouquet's sur les Champs (où 30 ans plus tôt il négociait déjà les kilos de schnouff) et la poignée de boîtes de nuit du 8e arrondissement sur lesquelles il a la main, c'est que monsieur Vanverberghe a su s'entourer d'hommes de confiance qui font tourner le bizness pour lui. A Paris celui qui lui sert de bras droit est un marseillais de longue date, Souhel Hanna-Elias dit Joël le Turc ou le Libanais, mais aussi le Bouc ou Monsieur Pierre, né en 1956 à N'Djamenah au Tchad d'un père turc, et qui dans les années 80 marchait main dans la main avec le caïd marseillais Raymond Mihière dit le Chinois, navigant entre machines à sous, jeux clandestins, racket et drogue, avant de monter sur la capitale dans le courant des années 90

Souhel Hanna-Elias dit Joël le Turc

Là Joël le Turc semble surtout s'être activé dans le domaine des machines à sous clandestines, gérant notamment l'important parc de Francis le Belge en Ile-de-France (entre 150 et 200 "baraques" dit-on) avec un certain Jean-Philippe Ottmann dit le SS ou le Blond pour le seconder, un Parisien pure souche proche des Corses de la capitale et du clan bastiais de la Brise de Mer. A partir de la société Machines Distribution Loisirs (MDL) basée à La Courneuve, Hanna-Elias et Ottmann placent ainsi des baraques à travers toute la banlieue parisienne, secondés sur le terrain par Philippe Jacques dit Fifi le Boxeur, un pied-noir installé à Puteaux chargé des "relations commerciales" avec les cafetiers concernés, de récupérer les enveloppes de cash et de gérer la demi-douzaine de "petites mains" qui s'occupent de l'intendance du bizness. On parle alors d'une soixantaine de débits de boisson concernés par l'organisation, entre Levallois, Rungis, Pantin, Sarcelles, Villiers-le-Bel, Clichy, ou encore dans les 19 et 17e arrondissements de la capitale.

Outre Joël le Turc et Philippe le SS, Francis le Belge peut également compter sur la fidélité d'une poignée d'autres voyous sur Paris, comme Denis Drouot dit le Gros, un braqueur chevronné de la banlieue sud proche du Milieu corse, ou encore William Chineau d'Aubervilliers, un cousin de sa femme Lydie Fleury. Le caïd marseillais rencontre régulièrement tout ce beau monde dans les cafés qui ont ses faveurs, notamment au Floridata rue de Presbourg, un bar qui semble lui servir de QG, y retrouvant également Jean-Claude Zamudio chaque semaine, chargé de remonter l'argent des machines à sous qu'il tient dans le sud, ou encore Jean-Marc Verdu qui lui sert de relais à Aix-en-Provence. Sur Paris le Belge tiendrait également plusieurs discothèques et des bars à hôtesse que l'on soupçonne de servir de couverture à des activités de proxénétisme, ce qui lui vaudra d'être interpellé le 22 mars 2000 (jour anniversaire de son mariage avec Lydie) puis libéré deux mois plus tard contre une caution de 400 000 francs. 

le belge couleur

Déclarant 7 millions de francs de revenus au fisc pour l'année 2000, Francis Vanverberghe justifie une partie de ses revenues par des gains de jeu, en vérité des tickets gagnants du Tiercé qu'il rachète chaque jour à prix d'or à l'Artois Club, un bar PMU chic de la rue du même nom. C'est que monsieur à ses petites habitudes, fréquentant presque toujours les mêmes adresses, les restaurants Chez Scusi rue d'Artois, le Pichet rue Pierre-Charon et la Veranda avenue Georges V, le Fouquet's et le bar de l'hôtel Elysée-Ponthieu sur les Champs, le Floridita rue de Presbourg, et quelques boîtes de nuit du quartier. Une vraie vie de riche retraité en somme.

Antoine Cossu alias Tony l'Anguille

Pourtant ses proches sont les premiers à mettre en garde Francis contre son laissé aller apparent, lui reprochant de trop "se reposer sur ses lauriers" comme le lui dira son ex-beau frère Tony Cossu lors d'une conversation téléphonique interceptée par la police, ajoutant très lucidement : « tu ne vois pas que tu as des serpents à sonnettes tout autour de toi ! »

Il faut dire que la place que s'est taillée le Belge aiguise bien des appétits, autant dans le sud-est qu'à Paris. Là il doit notamment composer avec la nouvelle génération venue de banlieue qui veut elle aussi croquer à pleines dents le gâteau parisien. Des figures montantes prises très au sérieux par l'équipe du Belge comme le montreront plusieurs réunions observées par la police au cours de l'année 1999 : un jour c'est Souhel Hanna-Elias qui est aperçu dans un bar parisien en pleines palabres avec Nordine Mansouri dit la Gelée et Ihmed Mohieddine dit Jo l'Indien, deux figures de Montreuil proches du puissant clan des frères Hornec alors en pleine ascension, une autre fois ce sont le Belge et le Turc qui sont vus discutant ferme avec un certain Djilali Zitouni, placeur de machines à sous de 45 ans originaire de Genneveliers et contrôlant plusieurs tripots clandestins sur la capitale, et son associé Boualem-Philippe Talata dit Boubou, une terreur de Dreux qui fait alors beaucoup parler d'elle, par ailleurs garde du corps de Jamel Debbouze. Sujet de ces réunions au sommet ? le partage du racket des établissements de nuit parisiens, jamais très clairement définit, afin d'éviter que les frictions ne se transforment trop vite en conflit armé.

Dans le sud c'est avec d'autres "serpents à sonnettes" que doit cette fois composer Francis le Belge, et principalement avec quelques ambitieuses équipes marseillaises et de puissants clans corses, d'où sans doute les nombreux voyages qu'il effectuera au cours de l'année 2000 sur l'Ile de Beauté, pas loin d'un par mois selon ce qu'a pu observer l'Antigang lors de ses surveillances.

enterrement belge

La mort du "dernier parrain"

L'assassinat de Francis le Belge le 27 septembre 2000 à l'âge de 54 ans ne fut ni la mort du "dernier parrain marseillais" comme le titrera un peu partout la presse hexagonale, ni le passage de témoin d'une époque à une autre. Non, il ne s'agira au fond que de l'élimination d'un gros bonnet du Milieu marseillais qui pesait lourd à Paris comme dans le sud, la fin d'un très beau voyou qui était arrivé au faîte de sa carrière et s'était laissé aller à un certain embourgeoisement avec les années, fréquentant plus volontiers les personnalités du show-bizness que ses comparses de la pègre. Ce qui ne veut pas dire que sa mort n'aura pas de nombreuses conséquences, "en haut" comme "en bas", chacun de ses ennemies comme de ses amis tentant de tirer son épingle du jeu après la mort du petit surdoué de la Belle-de-Mai, qu'une trop grande confiance en lui et un narcissisme à fleur de peau semblent avoir détourner de la méfiance et de la discrétion dont il aurait dû faire preuve.

le corps sans vie de Francis VanverbergheCe mercredi 27 septembre donc, après avoir déjeuné à la Véranda sur l'avenue Georges V avec ses lieutenants Souhel "le Turc" Hana-Elias et Jean-Philippe "le SS" Ottmann, Francis Vanverberghe se rend comme tous les jours à l'Artois Club pour suivre en direct les résultats des champs de course et racheter quelques tickets gagnants aux joueurs chanceux. Vers 15h20 une puissante Honda modèle Varadero vient se garer devant l'établissement, son conducteur se plaçant à l'entrée du bar tandis que son complice entre casqué à l'intérieur et file vers le fond de la salle armé d'un pistolet automatique et tire à neuf reprises sur Francis le Belge, qui reçoit sept balle de 11,43 dans le thorax et deux dans la tête. Une semaine seulement avant l'exécution l'Antigang venait de lever les surveillances que ses hommes effectuaient depuis près de six mois sur la personne de Francis Vanverberghe, preuve que les assassins semblaient pour le moins très bien renseignés. 

Les trois frères Hornec

La question que chacun se pose alors est : à qui profite le crime ? Problème : ils sont si nombreux à y avoir trouver un intérêt qu'on ne peut en tirer aucune conclusion hâtive. Les premiers à être suspectés par la police ce sont les deux spécialistes des machines à sous que sont Boualem Talata et surtout Djilali Zitouni, qui aurait eu une entrevue avec le Belge trois jours seulement avant sa mort et en serait le commanditaire direct. Une rumeur, fausse sans doute, savamment entretenue par les vrais commanditaires de l'assassinat afin de détourner les potentiels vengeurs de leur réel objectif. Et certains chuchotent qu'il s'agirait des frères Hornec, les caïds de Montreuil qui placent alors leurs pions un peu partout dans la capitale. On raconte en effet que certains de leurs proches, au premier lieu desquels Nordine Mansouri et Ihmed Mohieddine, auraient tenté l'année précédente d'imposer leur racket sur des bars à bouchon du 8e arrondissement notoirement dans le giron du Belge, d'où des entrevues quelque peu tendues histoire d'arrondir les angles et remettre les choses à leur place. 

Jean-Philippe Ottmann (à droite) dans les années 80 aux côtés de Claude Watripon, une autre figure parisienne

Les frères Hornec étant eux-mêmes en relation avec le clan de la Brise de Mer, et notamment avec l'une de ses principales figures Richard Casanova, certains observateurs ont suggéré que les Bastiais aient pu avoir activement participé  à l'élimination du "beau mec" marseillais pour pouvoir mettre la main sur ses affaires aixoises et marseillaises, peut-être d'ailleurs en montant la tête aux Hornec pour qu'ils se chargent du sale boulot, et en envoyant leur allié Joseph Menconi, braqueur corse proche de certaines figures montantes de la banlieue comme Antonio Ferrara, Nordine Nasri ou encore Fabrice Hornec (cousin de la fratrie de Montreuil), faire la taupe dans le camp du Belge en se rapprochant de ses lieutenants Jean-Claude Zamudio et Jean-Jacques Maillet sous prétexte de monter des braquos avec eux. Ce qui est sûr en tous cas c'est que la mort du Marseillais aura largement profité aux Bastiais tout comme à d'autres cadors du Milieu phocéen, au premier lieu desquels les frères Barresi, Roland Cassone - l'ancien bras droit de Jacky le Mat -, ou encore Dédé Cermolacce - ancien allié de l'équipe le Belge-le Mat. On a d'ailleurs cru deviner pendant un temps la main de Joseph Menocni lui-même et de son ami Antonio Ferrara derrière le duo d'assassins ayant enlevé la vie à Francis le Belge en ce tout début d'automne 2000.

l'assassinat de Joël le Turc

D'autres personnages vont également tirer leur épingle du jeu, mais côté parisien cette fois-ci : Souhel Hana-Elias et Jean-Philippe Ottmann, le Turc et le SS, qui vont naturellement s'accaparer les machines à sous franciliennes du Belge et certains des établissements sur lesquels il avait la main dans le 8e. Ajoutez à cela l'absence manifeste de velléité de vengeance de leur part, et on est à deux doigts de penser qu'ils ont été sinon complices au moins des spectateurs passifs de l'élimination de leur patron. Nouveau cador des machines à sous clandestines, Hana-Elias sera condamné en janvier 2006 à deux ans de prison ferme aux côté d'Ottmann pour l'important réseau qu'il avait mis en place entre Paris, Marseille et le Vaucluse, avant d'être abattu purement et simplement le 29 juillet 2011 dans un cybercafé du 6e arrondissement de la cité phocéenne. 

Mais si les anciens hommes de confiance du Belge sur Paris ne semblent pas presser de venger le défunt, d'autres vont s'en charger à leur place, et quelque peu maladroitement : son neveux Jean-Louis Marocchino et le cousin de sa veuve William Chineau, épaulés un moment par Jean-Claude Zamudio. Dans la nuit du 25 juillet 2001 ils auraient ainsi abattu Djilali Zitouni à Gennevilliers alors qu'il rentrait chez lui, aiguillés sur cette "fausse piste" par les frères Hornec selon certaines mauvaises langues. Marocchino et Chineau seront finalement interpellés trois mois plus tard à l'entrée d'un box de Puteaux dans lequel la police retrouve l'une des armes utilisée pour l'assassinat, avant de les relâcher peu après.

L'autre assassin désigné par cette rumeur, Boualem Talata, aura lui perdu la vie au mois d'octobre 2000 dans une histoire qui n'avait rien à voir avec Francis Vanverberghe et les siens : une rivalité entre son clan et celui de la famille Djenane autour du deal de shit dans la région de Dreux, qui se soldera par deux coups de calibre en pleine tête. 

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Redistribution des Cartes

Dans la région aixoise aussi l'assassinat du Belge fait des vagues, et pas des moindres. Dans les deux années qui suivent sa disparition ses principaux hommes de confiance dans le sud vont tous être éliminés les uns après les autres, lentement mais sûrement. Déjà le 28 février 1999 Laurent Boglietti, caïd d'Aix-en-Provence ayant aidé manu militari le Belge et le Mat à s'imposer sur les boîtes de la région au début des années 90, était tué de plusieurs balles de 11,43 dans une rue du centre-ville. Peut-être une histoire indépendante de tout ce qui suivra, ou peut-être bien les prémices de la reprise en main du cheptel de boîtes de nuit de Francis le Belge par le camp adverse. 

enterrement le belge

En novembre 2000 en tous cas pas de doute : même pas deux mois après la mort du "dernier parrain marseillais" on s'en prend expressément à l'un de ses principaux lieutenants, Jean-Claude Zamudio, visiblement bien décidé à venger son patron et à ne pas lâcher de terrain. Résultat : le 13 novembre au soir il est abattu de 40 balles de pistolet-mitrailleur devant sa discothèque le Mas aux Milles. Puis c'est un autre proche de Zamudio et du Belge qui trinque neuf mois plus tard, peu après sa sortie de prison : Jean-Jacques Maillet dit le Blond, qui avait épaulé l'équipe sur Aix aux côtés de Lolo Boglietti et Noël Mariotti quelques années plus tôt, et aurait eu le tort d'être un peu trop attaché à ses avoirs dans le Var et les Bouches-du-Rhône. Il est abattu le 12 août 2001 vers 5h du matin dans le centre-ville d'Hyères de plusieurs balles de 9mm et d'une décharge de chevrotine en pleine tête. Gilbert Mesguich est à son tour éliminé un an plus tard, le 25 juin 2002 à Saint-Raphaël, alors qu'il était lui aussi fraîchement sortie de prison. Ce truand lyonnais installé dans le Var marchait depuis plusieurs années main dans la main avec l'équipe des frères Perletto, les nouveaux hommes forts de Toulon, et était tombé en même temps qu'eux et que plusieurs proches du Belge dans l'affaire Topaze. A sa sortie de prison il n'entendait visiblement pas lâcher les affaires des Perletto, ni laisser impunies les meurtres de ses amis Zamudio et Maillet. Lequel aurait peut-être été en réalité ciblé par les propres héritiers du Belge, mécontents que leur ancien ami ne se soit rapproché d'un peu trop près des "Bastiais"...

Francis Mariani, l'une des figures majeures de la Brise de Mer

C'est que petit à petit commence à se profiler l'identité des véritables auteurs de cette série de meurtres : des figures de la Brise de Mer qui sont en train de reprendre en main de nombreuses affaires dans la région marseillaise et sur la côte méditerranéenne tout comme à Paris, prêt à tout pour dissuader les importuns de se mettre en travers de leur route. Francis Mariani et l'équipe de son fils Jacques, qui peut compter sur le soutien de José Menconi, d'Alexandre Vittini (fils du baron de la "Brise" Daniel Vittini) ou encore de Nino Merlini (un solide braqueur des Alpes-de-Haute-Provence membre de la célèbre Dream Team) sont ainsi fortement suspectés en coulisse d'avoir jeté leur dévolu sur la région aixoise avec leurs amis, bien décidés à tirer tous les profits possibles de la nouvelle donne.

le Bistrot Aixois, QG de Jean-Marc Verdu et des siens dans la ville

Au mois d'octobre 2002 ils parachèvent le travail en éliminant les derniers éléments gênants dans leur entreprise de réappropriation : le 17 octobre les neveux du Belge Jean-Louis Marocchino, 39 ans, et François Vanverberghe, 34 ans, sont pris en chasse par une Audi A4 alors qu'ils circulent à moto près du domaine de l'Arbois entre Aix et Marseille, et se font violemment percutés par le véhicule qui les envoie valdinguer à terre. Plusieurs hommes sortent alors de l'habitacle armés de kalachnikov et criblent de balles les deux cousins, rendus méconnaissables par les nombreux projectiles reçus dans le visage. Deux jours plus tard c'est au tour de Jean-Marc Verdu d'y passer, coriace "patron des nuits aixoises" et fidèle allié du Belge dans la ville, abattu de 15 balles de 9mm dans le quartier du Pont-de-l'Arc alors qu'il circulait à scooter. Verdu tout comme Marocchino, tout comme toutes les autres victimes de cette guerre des gangs, croyait lui aussi être assez fort pour pouvoir conserver coûte que coûte ses acquis dans le monde de la nuit et des machines à sous. Grand mal lui en a pris. Désormais, Aix, "c'est chez les Corses", comme le prouvera d'ailleurs la reprises en main des établissements les plus emblématiques de la ville par des insulaires : la boîte de nuit le Mistral, la brasserie la Belle Epoque et le café-restaurant la Rotonde, tous aux mains d'un certain Tany Zampa 25 ans plus tôt

Voilà ainsi décimé en l'espace de deux ans le clan Vanverberghe. Mais, et Jacky le Mat dans tout ça me direz-vous ?

Jacky le Mat

Où est passé Jacky ? 

Après sa libération conditionnelle de prison en 1995 il semble que le matou marseillais se soit, en apparence du moins, quelque peu mis en retrait, lui qui approchait des 70 ans. Petit à petit Jacky Imbert semble ainsi avoir surtout pris un rôle d'organisateur d'affaires, jouant de son impressionnant carnet d'adresses pour monter des coups fumeux avec les grandes figures du Milieu qu'il continue de fréquenter, gérant toujours en parallèle le petit chantier naval qu'il possède sur l'Ile de Frioul et jouant de temps à autre les juges de paix.

Roland Cassone

La police croit ainsi l'apercevoir au Paraguay pour marchander une cargaison de drogue, puis participant à une mystérieuse réunion tenue en avril 1997 rue de Suez à Marseille entre Roger Mouret dit le Gitan, originaire de Grenoble et proche du gang des italos-grenoblois et du Milieu lyonnais, le caïd marseillais Dédé Cermolacce et son bras droit Roger Spanu dit Roger Lunettes, Richard Laaban, un proche de l'Olympique de Marseille, et Roland Cassone, l'ancien bras droit d'Imbert dans les années 70-80 devenu un pilier semble-t-il incontournable du Milieu marseillais, étroitement lié à quelques grands noms du banditisme corse avec qui, décidément, il faut savoir compter en ce tournant des années 90-2000 (Cassone parviendra notamment à racheter l'OGC Nice en 2002 en association avec son fils Robert mais aussi avec le fils de Roger le Gitan François Mouret , l'ancien footballeur Jean-Christophe Cano et l'agent de joueur Gilbert Sau avant de devoir lâcher le club au bout de quatre petits mois. On le dit également en relation avec Robert-Louis Dreyfus, alors patron de l'OM). 

jacky le mat escaliers

Puis en 2002, les problèmes judiciaires reprennent. Un indicateur de police raconte cette année-là aux inspecteurs de l'Evêché que Jacky Imbert serait en train de monter une grosse importation de cocaïne avec son ami franco-russe Richard Erman et le marseillais Sauveur Ruellou, un sexagénère connu pour fréquenter les docks et ses magouilles et condamné à trois ans de prison en 1991pour contrebande de cigarettes. Faute de trouver de la coke, c'est d'ailleurs sur une affaire de "blondes" que va finalement tomber la police. Dans ce dossier on reproche notamment au Mat d'avoir projeter la construction d'une fabrique clandestine de cigarette dans un hangar de Gignac-la-Nerthe, petite ville du pourtour de l'Etang-de-Berre, afin d'arroser les bureaux de tabac hexagonaux. Arrêté le 17 octobre 2003 à Fuveau dans la campagne aixoise tandis que six complices présumés sont également appréhendés, dont Richard Erman, Sauveur Ruellou et Alexander Mirlas, un ukrainien supposé lié au crime organisé russe, Imbert est incarcéré à la prison de Luynes où il aurait été accueillit "de manière triomphale" par les autres détenus selon le Nouvel Observateur. Condamné à quatre ans de prison ferme en première instance le 14 décembre 2004, Jacky Imbert est finalement acquitté en appel cinq mois plus tard faute de preuves suffisantes, et sort blanchit du tribunal.

jacky le mat main

Deux ans plus tard, au printemps 2006, Imbert comparaît cette fois libre au tribunal correctionnel de Marseille pour des faits nous ramenant plus de dix ans en arrière : des extorsions de fonds à l'encontre de gérants d'établissements de nuit marseillais et parisiens, et du riche marchand de biens Pierre Ossana à hauteur de 83 000 euros, toutes commises entre 1992 et 1993. A la barre manquent quelques prévenus de choix aux côtés du Matou : Francis Vanverberghe, Lolo Boglietti et Jean-Jacques Maillet, tous passés par les armes, ainsi que les deux frère Bruno et Noël Mariotti, alors en fuite. Condamné à quatre ans de prison le 15 juin 2006, la peine est réduite à deux ans le 14 janvier 2008 et Jacques Imbert ressort libre du tribunal, ayant déjà purgé 18 mois de préventive dans ce dossier entre novembre 1993 et mai 1995.

Et aujourd'hui alors ? on n'en sait pas plus, et "papy Imbert" semble bien avoir pris sa retraite, lui qui affiche aujourd'hui 86 ans au compteur. Un véritable miraculé du Milieu, le premier de nos trois compères marseillais à être venu au monde, le dernier qui le quittera. Il peut toujours compter sur ses amis pour l'aider, et sur sa quatrième épouse Christine avec qui il s'est marié en 2003 malgré les 40 ans qui les séparent, et qui a lancé une marque de vêtements à l'effigie de son homme - le Matou - qui tient ses assises dans son salon d'esthétique le Starlet's à deux pas du Vieux Port. Le sigle "Jacky le Mat" est ainsi en train de devenir un objet de folklore, jusqu'au cinéma où son rôle a été joué tour à tour par Jean Reno en 2010 dans l'Immortel puis Benoît Magimel en 2014 dans la French. Début 2016 un technicien chauffagiste de 35 ans, Mathieu Faureau, créé même le "Marseille Gangster Tour", visite touristique à travers les hauts lieux historiques de la pègre marseillaise. Le Milieu n'est pas mort, loin de là, mais Tany Zampa, Jacky le Mat et Francis le Belge semblent bien faire désormais partie du folklore criminel de la ville, entrés dans la grande histoire du crime organisé phocéen. 

marseille crépuscule

Commencée voilà plus de sept mois sur ce blog, ainsi se clôt notre série d'articles consacrée à ces trois figures majeures du Milieu marseillais. Merci à tous de nous suivre depuis tout ce temps, le nombre de visites mensuelles est impressionant par rapport aux débuts très discrets de ce blog (on a dépassé la barre des 10 000 visites par mois en octobre). Merci encore, et à bentôt ! 

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Commentaires
L
Excellent blog, parfaitement documenté…Félicitations à son auteur !!<br /> <br /> Il faut voir et se rappeler de ces deux figures du milieu marseillais, je me souviens de Francis à sa table habituelle du Fouquet’s, en homme d’affaires s’occupant de ses papiers, très élégant, complètement embourgeoisé et Jacky Imbert , venant au Bus qui, en tant que conseiller artistique de cette discothèque, venait chercher chercher l’enveloppe de …ses émoluments…..toujours suivi de près par un fidèle accompagnateur….<br /> <br /> PS: utiliser la correction grammaticale et orthographique lors de la rédaction des paragraphes…<br /> <br /> Ennemi sans e à la fin et quelques autres petites erreurs.<br /> <br /> Sinon, j’attends avec impatience la suite du trombinoscope de ce Milieu<br /> <br /> Un autre très bon blog, très bien fait par un …ex- commissaire Georges Moreas…qui est évidemment aussi très bien documenté, à lire…<br /> <br /> Bonne continuation…
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Y
Roger spanu qui était d'une intelligence au-dessus de la moyenne des autres voyous ,il a jamais rien fait vraiment en action ,en braquages,la juge Mme penna de l'époque et à l'eveche on le savait très bien,tous les braqueurs de l'époque se foutaient de sa gueule...non lui mieux il montait pas sur le travail et il se débrouiller a toucher une part.mdrr
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T
Beaucoup d'aixois connaissaient Jean-Marc Verdu, qui dirigeait le Bistro Aixois, un bar musical, en haut du cours sextius. L'homme s'était notabilisé et connaissait tout le monde. Il était d'ailleurs très sympa.
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P
Et si boualem et djilani était en fait une fausse piste qui aurai mi intentionelement coco (jcz) en déroute..les frère (orn...)auraient envoyé une fausse piste ,ils auraient fait d une pierre 2 coups .ils se seraient debarassé de 2 enemis en mentant a coco ,le tt en alliance avec la brise des mer dans l intention de fair tomber le clan du belge, mais c pas beau psk les corses ont était facilité par les marseillé..
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G
pas d'article consacré a Boualem Talata?il été tres connu en eure et loir et sur la région parisienne.il a été assassiné le 19 novembre 2000 a dreux .
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